La langoustine

Petit crustacé casanier, la langoustineNephrops norvegicus, se cache dans son terrier à longueur de journée !

Langoustines dans leur terrier – Nephrops norvegicus © Océanopolis Langoustines dans leur terrier – Nephrops norvegicus © Océanopolis
Langoustines dans leur terrier – Nephrops norvegicus © Océanopolis Langoustines dans leur terrier – Nephrops norvegicus © Océanopolis
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La vie privée de la langoustine

LES DEMOISELLES DE L’AUBE ET DU CRÉPUSCULE

Comment reconnaitre une langoustine ?

La langoustine a été décrite pour la première fois par le naturaliste suédois, Linné, en 1758. C’est un crustacé décapode (possédant 5 paires de pattes), comme son cousin le homard.

Cependant contrairement à la langouste, la première paire de pattes correspond à deux pinces principales (aussi longues que le corps pour la langoustine). Elle fait partie tout comme le homard des Nephropidae (nephros signifie rein et opsis, la vision), faisant référence à leurs yeux de forme ovale ressemblant à celle d’un rein.

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EMBRANCHEMENT
Arthropode
Répartition géographique
Atlantique nord-est, Manche, Méditerranée occidentale
TAILLE
Jusqu’à 20 cm
HABITAT NATUREL
Fonds vaseux du plateau continental jusqu’à 150 m de profondeur
PROTECTION
Espèce non listée par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces en danger)
Zoom sur l'œil de la langoustine à Océanopolis

anatomie de la langoustine

Le corps de la langoustine est composé de deux régions : le céphalothorax et l’abdomen sur lequel sont présents les appendices. Dans la région médiane se trouve un sillon cervical qui délimite la tête du thorax postérieur.

La tête de la langoustine comporte la bouche, les yeux dits pédonculés ressemblant à des boules à facettes et 5 paires d’appendices sensoriels (antennules et antennes) et masticateurs (mandibules, maxillules, maxilles). L’avant de l’animal se prolonge par un long rostre très découpé (denticulé).

Le thorax est recouvert par une carapace continue (squelette externe de couleur orange au rose chair, le dessous est généralement plus clair). Il porte les pinces et 4 paires de pattes marcheuses (péréiopodes) longues, fines ; les extrémités des deux premières paires se terminent par de petites pinces.

Enfin l’abdomen de la langoustine présente 6 métamères individualisés (segments cartilagineux articulés) portant chacun une paire d’appendices (pléopodes). Les derniers (uropodes) forment avec le telson la nageoire caudale. Le telson terminal n’a pas d’appendice, celui-ci est percé par l’orifice anal visible sur la face ventrale de l’animal et complète la nageoire caudale. La queue de la langoustine lui permet de fuir rapidement face à un danger.

 

Taille maximale et longévité de la langoustine

La langoustine a une durée de vie aux alentours de 8 ou 9 ans ce qui équivaut à une taille adulte moyenne de 18 à 20 centimètres (de l’extrémité des pinces jusqu’au telson). Les plus grandes langoustines pêchées mesurent entre 25 et 40 centimètres de longueur totale et pourraient être âgées de 15 à 20 ans !

Langoustine dans son terrier à Océanopolis Langoustine sortant de son terrier. © Olivier Dugornay
Mue de langoustine et langoustine dans son terrier à Océanopolis Langoustine dans son terrier auprès de sa mue. © Olivier Dugornay
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Habitat et alimentation de la langoustine

La langoustine se répartit de manière irrégulière depuis le nord de la Norvège jusqu’à l’ouest de la Méditerranée. Sédentaire elle ne migre que lorsque des tempêtes amènent la vase en suspension et qu’elle se retrouve dans l’obligation de quitter son environnement.

La langoustine vit dans des étendues vaseuses sous-marines, à une profondeur d’environ 100 mètres (entre 50 et 150 mètres, voir même jusqu’à 800 mètres). Dans le golfe de Gascogne par exemple la langoustine vit sur des fonds qui portent le nom de grande vasière, en bordure du plateau continental.

Dans cette vase le crustacé va creuser des galeries jusqu’à plusieurs dizaines de centimètres de profondeur (enfouis entre 15 et 30 centimètres sous la surface), ne sortant que quand la faim se fait sentir et donc pour rechercher sa nourriture. Ces tunnels peuvent faire jusqu’à 1 mètre de longueur et 10 centimètres de diamètre pour les plus grands. Ils présentent au moins deux ouvertures vers la surface. Il n’est pas rare de voir la langoustine partager son terrier avec un petit poisson nommé le gobie de Fries (gobie à grandes écailles).

La langoustine est omnivore, elle se nourrit de crevettes, mollusques, échinodermes (étoiles de mer et oursins par exemple). Pour saisir ses proies elle utilise ses petites pinces, les plus grosses ne servant que pour la défense.

Ses prédateurs sont le merlan, le merlu, la lotte, le congre sans oublier l’homme !

Différence entre les mâles et les femelles langoustine

La langoustine est un animal gonochorique, c’est-à-dire qu’il existe des individus mâles et femelles, qui assurent la reproduction. Les cellules reproductrices mâles (spermatozoïdes) et les cellules reproductrices femelles (ovules) sont donc produites par des individus différents.

Une différence très marquée et visible permet de distinguer les mâles des femelles, on parle de dysmorphisme sexuel.

La langoustine mâle a les deux premières paires de pléopodes (appendices situés sur l’abdomen) plus développées que les paires suivantes et dirigées vers l’avant, notamment pour canaliser l’écoulement de sperme lors du rapprochement sexuel. Les orifices sexuels sont situés à la base de la dernière paire de pattes locomotrices.

La langoustine femelle quant à elle possède des appendices abdominaux identiques excepté la première paire atrophiée permettant ainsi l’approche des organes copulateurs mâles. Sous l’abdomen sont présents des soies ovigères (situées sur la face ventrale ces soies servent à fixer les œufs lors de la période d’incubation). Les orifices sexuels des femelles sont situés à la base de la troisième paire de pattes locomotrices.

Reproduction de la langoustine

Le mâle est attiré par des phéromones produits par la femelle qui vient de muer. La mue de la langoustine a lieu une fois par an au printemps. Il dépose en utilisant les deux premières paires de pléopodes un sac spermatophore (gelée où se trouve tous les spermatozoïdes, celui-ci est mou mais durcit en quelques heures) dans la spermathèque de la femelle également appelé thelycum. C’est une logette située entre les dernières paires de péréiopodes.

Au moment de la ponte les femelles doivent déjà porter un spermatophore. Les œufs après la ponte sont fixés aux soies ovigères (entre 650 et 4000 œufs) sous l’abdomen pour une incubation de 8 mois. La femelle est alors dite grainée. Durant cette période les appendices abdominaux sont constamment agités pour favorisés l’oxygénation. Pendant les 8 mois d’incubation la femelle ne quitte pratiquement pas son terrier. Les larves éclosent au stade « prézoé », aux alentours de mars-avril une période qui coïnciderait au bloom phytoplanctonique du printemps. La phase larvaire dure 2 à 3 semaines, celle-ci est pélagique (en pleine eau) ce qui favorise la dissémination des larves.

La maturité sexuelle serait atteinte vers 4 ans pour les mâles et 3 ans pour les femelles (déterminée à l’aide de l’observation des caractères sexuels secondaires).

Pourquoi appellent-on les langoustines les demoiselles du Guilvinec ?

La langoustine est une espèce emblématique de la pêche bretonne faisant vivre une centaine de chalutiers côtiers de Lorient au Guilvinec.

Véritable fierté du pays bigouden, au levé et coucher du soleil les bateaux de pêche du Finistère-sud s’affairent pour la pêcher avec des filets de fond (chalut traîné sur le fond) ou des dragues tractées par des chalutiers. La capture est également possible avec des casiers posés sur le fond mais beaucoup moins répandue. Chaque année plusieurs milliers de tonnes de langoustines sont pêchées sur la grande vasière. La pêche est effectuée à la journée par plus de 200 chalutiers mesurant entre 10 et 15 m de long en provenance des ports du Finistère sud.

Comme c’est le cas pour la majeur partie des espèces marines commercialisées, la pêche à la langoustine est soumise à une réglementation pour la protéger. Un quota de pêche existe au niveau européen réparti entre les différents pays producteurs (environ 70 000 tonnes de prises par an – 1000 tonnes pour la France), ce nombre tend à diminuer chaque année. La taille minimale des captures est également contrôlée au niveau européen. En France, et ce depuis 2006, la taille minimale des captures est de 9 centimètres.

 

Références

Chantreau Patrick, Vallet Jean-Luc (1991). Traitement des langoustines et des crevettes contre le noircissement. RIDRV- 91.06-VP. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/1586/

Fontaine Bernard, Warluzel Noël (1969). Biologie de la langoustine du golfe de gascogne Nephrops Norvegicus (L.). Revue des Travaux de l’Institut des Pêches Maritimes, 34(2), 223-246. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/3169/

Holthuis, L. B. (1987). Homards, langoustines, langoustes et cigales. Mediterranee et Mer Noire, 1, 293-367.

Morizur, Y., Conan, G., Guénolé, A. et al. Fécondité de Nephrops norvegicus dans le golfe de Gascogne. Mar. Biol. 63, 319–324 (1981). https://doi.org/10.1007/BF00396002

Morizur, Y. (1981). Evaluation De La Perte D’Oeufs Lors De L’Incubation Chez Nephrops Norvegicus (L.) Dans La Région Sud-Bretagne, France, Crustaceana, 41(3), 301-306. https://doi.org/10.1163/156854081X00877

Où la trouver
à Océanopolis ?
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— Pavillon Bretagne

Où la trouver
à Océanopolis ?

Cachée dans son terrier, dans l’aquarium  « La grande vasière » du pavillon Bretagne.

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